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  • Véronique Rauzy

Être fidèle à soi-même avant tout

L'avertissement de CHIRON




Dans ce quatrième texte de la série consacrée à interpréter le mythe de Chiron, nous allons observer de près le moment de sa « chute ».



Quand le mythe est lu de manière superficielle, l’épisode où Chiron est transpercé par une flèche empoisonnée est généralement compris comme un exemple d’injustice, Chiron victime collatérale d’une flèche qui ne lui était pas destinée, et sert à illustrer la « blessure d’injustice » dont souffrent tant d’êtres identifiés à la posture de victime…



Allons voir cet épisode d’un peu plus près. Car en l’occurrence, si injustice il y a, c’est en correspondance directe avec l’injustesse du positionnement de Chiron !



Il est dit qu’Hercule, sur la piste du sanglier d’Érymanthe, passa près du mont Pélion et s’arrêta chez le centaure Pholos pour demander qu’on lui ouvre l’outre de vin qui lui était destinée. Pholos rechigne, Hercule insiste, l’outre est ouverte, les centaures alléchés affluent et une gigantesque bagarre s’engage entre Hercule et cette peuplade. Chiron, vivant en ces lieux, et considéré par les centaures comme leur roi, décide de soutenir son ami Hercule, dont il a été le percepteur. Il s’engage dans la bataille mais est blessé à la jambe d’une flèche tirée par son ami. Il est immortel donc ne périt pas de la blessure, mais la flèche ayant été trempée dans le poison incurable de l’hydre de Lerne, Chiron le guérisseur est cette fois à court de remède et souffre le martyre sans pouvoir être soulagé d’aucune façon.



Selon les versions, la flèche atteint la cuisse, le genou ou le pied, et ici chacun trouvera la symbolique qui lui correspond le plus…



Toujours est-il que c’est la chute de Chiron. Alors qu’il était au faîte de son œuvre, voilà qu’il se trouve dévasté et incapable d’arranger la situation.



De quoi cela parle-t-il ? Pour l’instant je vois deux fils principaux à dérouler.



INDIVISIBLE



Tout d’abord l’intégralité, dont j’ai déjà parlé dans les textes précédents. Chiron représente la congruence corps, cœur, esprit : corps de centaure, cœur voué aux humains et esprit divin. En prenant parti pour Hercule, il choisit le cœur et l’esprit, l’être humain en train de se diviniser, au détriment du corps. Cela n’est pas correct alors qu’il représente le principe d’intégralité. Il est immédiatement sanctionné, à l’endroit précis qu’il vient de rejeter : son corps. Il est ainsi, par la blessure, ramené à la conscience de la chair. Et il devra assumer jusqu’au bout son choix : puisqu’il refuse le corps, l’expérience dans le corps, il va devoir renoncer à l’immortalité et périr à son corps…



Le mythe nous met en garde de ne jamais nous dissocier d’aucune part de nous, et nous prévient qu’il n’y a pas de part préférable, ou plus noble, qui mériterait qu’on sacrifie les autres. Ce serait une erreur qui nous plongerait dans le diabol, la séparation, et causerait notre propre chute.



Cela fait écho d’une certaine manière à la tragédie cathare, qui professait un dualisme radical, rejetant ce monde considéré impur et cherchant la perfection pour accéder du mieux possible au monde d’après la mort. Dans les faits les cathares ont été exterminés et brûlés, ayant attiré en résonance dramatique la purification par le feu contre leurs propres corps… Écho aussi pour nous prévenir à propos des spiritualités actuelles rejetant l’incarnation : elles font fausse route et perpétuent la séparation.



Le mythe nous invite à la plus grande prudence et au soin vis-à-vis de nous-mêmes, et à l’acceptation pleine de l’expérience d’incarnation malgré son imperfection foncière et ses limitations. Précipités dans la matière, dans la chair, nous sommes propulsés dans une expérience conditionnée par la densité des lois physiques, cela fait partie du jeu et doit être pleinement accepté pour pouvoir néanmoins rallier le divin à l’intérieur.



FIDÈLE À QUOI ?



Le deuxième fil à tirer est une autre grande erreur, motif de chute : en se rangeant du côté d’Hercule, Chiron n’a pas été fidèle à son propre mouvement.



L’enseignement principal de Chiron, celui par lequel il éduque l’ensemble des héros, est celui-ci : « tu es unique, tu dois accomplir ton caractère unique, tes qualités uniques, ton mouvement unique. »



En combattant les centaures, Hercule est dans son mouvement propre : il a besoin de sublimer ses pulsions pour en conquérir la force, l’attribut principal qui lui correspond. L’épreuve qui l’oppose aux centaures symbolise la maîtrise de ses instincts.



Mais cela n’est pas du tout le mouvement de Chiron ! Lui n’a pas besoin de maîtriser ses pulsions, qu’il domine déjà fort bien ! Le centaure dans le mouvement de Chiron ne représente pas la pulsion, mais le corps relié directement à la Nature.



En prenant parti, en sortant de l’impartialité qui caractérise sa dynamique fondamentale, il sort de son mouvement et se décentre. C’est alors la chute.



Ce qu’il faut comprendre, c’est que plus on est engagé dans son mouvement véritable, moins il est possible d’en dévier. La sanction est immédiate.



Chiron nous met en garde à cet endroit-là, de deux manières : il nous dit « attention de ne pas nous dissocier, de ne pas nous couper d’une partie de nous-même », et « le combat de Hercule est juste, mais le fait que Chiron rejoigne Hercule dans son combat n’est pas juste ». La preuve, il se fait blesser immédiatement. Hercule n’avait pas besoin de lui pour gagner sa bataille, et Chiron se fait blesser par là où il a péché. À partir du moment où il prend parti contre les centaures, il est blessé dans son état de centaure. C’est l’endroit auto-immune.



La leçon est vaste.



Déjà, savoir, reconnaître, comprendre notre mouvement, propre, unique, qui fait de nous un individu (un être qu’on ne peut pas diviser, qui est unique et non pas confondu dans une masse).



Ensuite oser vivre ce mouvement : c’est toute la symbolique du parcours héroïque. Avec audace et courage, le héros doit oser quitter la cité et la normalité (sa famille, sa bande, son clan, son environnement social, son conditionnement) pour parcourir un chemin lors duquel il devient lui-même en actualisant ses potentiels, à travers les épreuves traversées, les rencontres, les réponses, les découvertes… avant de revenir porteur de ses trésors conquis, qu’il offre aux siens.



Chiron nous donne un enseignement et un avertissement qui dit que le plus important, et peut-être même la seule chose importante, c’est de suivre notre propre mouvement, d’être fidèle à notre dynamique intrinsèque !



Ensuite, ne pas se laisser embarquer dans le mouvement d’un autre quand celui-ci ne nous correspond pas, et c’est tellement souvent le cas. On se laisse embarquer et décentrer pour tout un tas de raisons ! Loyautés, fidélités, peur de ne plus être aimé, grégarisme, suivisme, emprise, manipulation, déni, dissociation, bénéfices secondaires, besoin d’appartenance à un clan, mimétisme… tout un tas de choses qui font que la plupart du temps, nous ne sommes pas complètement dans notre centre, mais influencés par d’autres, et on va faire des compromis sur notre propre mouvement du fait de nos besoins sociaux, de nos insécurités primaires et du fait que l’on ne se soit pas reconnu, validé, valorisé soi-même.



C’est une question relationnelle immense, très vaste ! Jusqu’où m’impliquer sans me perdre et m’aliéner ? D’autant que dans une relation il y a trois protagonistes, car la relation profonde développe sa propre dynamique.



Quand bien même on a une loyauté forte, envers nos proches, familles, conjoints, amis, il y a un moment où nos mouvements se rejoignent, et là c’est complètement correct de s’engager pleinement, mais être toujours conscient que par moments les mouvements se séparent, s’éloignent, ne sont plus en résonance, pas forcément en totalité mais sur certains aspects, et Chiron nous dit : « la fidélité, la loyauté, c’est vers ton propre mouvement, pas vers le mouvement d’un autre ». Il nous invite à honorer notre part solaire, le Soleil en nous, avant tout.



Après pour certains leur mouvement va les pousser à vivre un relationnel fusionnel, mais c’est important alors d’être bien conscient qu’il s’agit d’un besoin interne avant tout.



Savoir discerner ce qui se passe dans l’instant, et savoir se positionner pour garder son centre et être fidèle en priorité à son mouvement véritable est une étape majeure de Présence, Conscience et Puissance.



C’est quelque chose de très important pour nous tous en tant qu’humains : dans notre processus d’individuation et de reconnexion à notre essence, à notre part divine. On est des êtres sociaux, largement conditionnés par des matrices collectives et astrales qui essayent de nous conformer, de nous modeler, de nous uniformiser, pour nous contenir et nous « dresser » pour les besoins d’élites qui estiment avoir un troupeau en gestion. Mais nous ne sommes pas des animaux de troupeau, nous sommes des êtres bien plus vastes que ça !



Le processus de conquête de son intégralité est le chemin d’individuation : à la fois indivisible, qui ne peut pas être dissocié, et aussi unicité de l’individu, qui fait que son mouvement est complètement singulier. Même s’il y a des ressemblances avec les autres, les semblables, il y a simultanément unicité. Ça n’est pas toujours facile à assumer, pour les êtres humains, qui ont été tellement conditionnés à se conformer, à suivre les traces d’autres, d’institutions, de traditions, de référentiel passé, et à ne pas faire de vagues pour être autorisés à rester dans le clan et ne pas risquer le bannissement. Ça vient chercher dans des structures archaïques, et en même temps c’est très actuel. Le mouvement de fond va vers l’individuation des humains, vers de plus en plus d’êtres qui affirment leur singularité, leur différence, la diversité. Chiron vient aider ces êtres engagés dans leur parcours héroïque. Le héros va quitter la cité, la conformité à la norme, pour aller rencontrer qui il est véritablement et s’accomplir à travers un parcours, des épreuves, des rencontres, des aides, des difficultés, des énigmes, une quête, et ensuite il revient dans le collectif quand il a fait son parcours d’individuation, amener son trésor unique au monde.



Il y a alors un switch qualitatif de « l’être-ensemble », quand il rassemble des individus conscients de leur apport unique, s’étant reconnus eux-mêmes dans tous leurs aspects et souhaitant contribuer à amener leur part du trésor pour l’ensemble. C’est complètement différent d’être ensemble par peur, par survie, par grégarité, par dépendance. Ça n’a rien à voir, il y a un niveau de franchi de qualité humaine, de Présence Conscience et Puissance au monde et à la vie.



Cet archétype de Chiron est d’une grande richesse et profondeur, un remarquable guide intérieur et d’autres textes encore vont venir approfondir ses enseignements. Si vous souhaitez l’explorer et l’intégrer en vous, et capter votre mouvement unique véritable, vous pouvez rejoindre les Cercles à Runan en Bretagne les 26, 27 et 28 février puis 1er, 2 et 3 mars. Voir le lien ici pour plus d’infos.



Il est aussi possible de me contacter pour une séance individuelle avec le support de votre thème astrologique étudié depuis le regard de Chiron sur resonne.en.coeur@gmail.com

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